Long
de 174 km, le canal du Nivernais relie la Loire à l'Yonne
et la Seine en contournant le Morvan par le sud-ouest. Il conduit de Saint Léger-des-Vignes,
près de Decize, sur la Loire à Auxerre sur l'Yonne.
Dans sa partie centrale le canal passe à Chitry-les-Mines, terminus de
l'ancienne ligne de chemin de fer à voie étroite Corbigny - Saulieu
(également appelé "tacot
du Morvan") construite au début du vingtième siècle
destinée, entre autres, au transport du bois du Morvan. Imaginé
au temps du roi Henri IV, c'est dans le courant du 18ème
siècle que les travaux furent entrepris afin d'acheminer le bois vers
la Seine et Paris. Les études effectuées alors conclurent à
la nécessité de réaliser un canal destiné à
la navigation atteignant la Loire. De plus le bois sec était vendu plus
cher que le bois
flotté. Relier deux bassins versants nécessitait d'importants
travaux puisqu'il s'agissait de franchir un col situé à 280 m
d'altitude. Les premiers coups de pioche furent donnés en 1784, précisément
à ce point haut situé à proximité du village de
la Collancelle, au sud de Corbigny.
Il s'agissait de creuser une série de tunnels afin d'abaisser à
262 m le biefLe
bief d'un canal de jonction entre deux bassin versants
est le point le plus haut du canal de partage des eaux. L'accès
à celui-ci s'effectue par plus de cent écluses dont une remarquable
série de seize écluses constitue l'échelle de Sardy.
Le bief est alimenté en eau par la Rigole d'Yonne. Pour cela,
les eaux de l'Yonne sont captées au niveau du barrage de Pannecière
et acheminées par un mini-canal qui franchit la rivière sur la
commune de Montreuillon
par un spectaculaire aqueduc haut de 33 m. Il fut inauguré en 1843.
Considéré
comme un des plus beaux canaux d'Europe, il a permis le développement
des régions environnantes grâce au transport non seulement du bois
mais également d'autres matériaux comme les pierres des carrières
voisines ou divers produits agricoles. Quasiment condamné au milieu du
siècle dernier par la chute du trafic des marchandises, il a vu sa fréquentation
augmenter dans les années 1960 grâce au développement du
tourisme fluvial. Il est en effet possible, en différents points, de
louer des bateaux équipés de tout le confort moderne pour le parcourir.
Si cinq ou six jours sont nécessaires pour effectuer l'ensemble du trajet,
les touristes n'hésitent pas à s'arrêter pour visiter les
environs comme Decize, Châtillon en Bazois, Corbigny, Clamecy
ou Auxerre. Les sites traversés sont particulièrement agréables
mais peuvent également être surprenants. Ainsi, la traversée
des
"Voûtes
de la Collancelle"
est particulièrement spectaculaire. Il s'agit de trois tunnels d'une longueur totale de 1238 m reliant les deux bassins. Quant aux écluses (116 pour l'ensemble du canal !), elles nécessitent la participation active des navigateurs car ils doivent eux-mêmes les manuvrer. C'est également le cas des ponts-levis, comme celui de Dirol, qui doivent être relevés puis abaissés à la main lors de leurs franchissements.