Le tacot du Morvan

  

Chitry les Mines
Corbigny Le Cerney
Cervon Montsermage
Planvoy Moux
Lormes Chassagne
Sommée Jarnoy
Brassy-Gacôgne Alligny en Morvan
Razou Champcommeau
Chamerelle Fétigny
Ouroux St Léger de Fourches
Cœuzon-Savelot Montivent
Montsauche Le Fourneau
Les Settons Saulieu
Surnommée familièrement "le tacot", une ligne de chemin de fer à voie étroite traversant le Morvan a fonctionné entre Corbigny et Saulieu de 1901 à 1939.

Pourquoi une ligne de chemin de fer ?

A la fin du XIXème siècle, quand ont été développés les grands réseaux de chemin de fer d'intérêt général, est née l'idée d'un second réseau d'intérêt local. Les réseaux nationaux à voie "normale" (c'est à dire d'un écartement de 1,44 m), comme le P.L.M.Paris Lyon Méditerrannée,
ancien réseau de chemin de fer
dans la région, avaient pour mission de relier les villes entre elles et surtout les préfectures et sous-préfectures à Paris. Le Morvan était contourné par deux lignes du P.L.M. : Avallon - Saulieu - Autun au nord et Clamecy - Corbigny - Cercy-la-Tour au sud. Un embranchement situé entre Corbigny et Cercy-la-Tour permettait d'atteindre Château-Chinon (sous-préfecture et donc seule ville du Morvan desservie par le réseau d'intérêt général).

L'idée d'une ligne d'intérêt local desservant le Morvan a fait son chemin à l'époque parmi les autorités et personnalités influentes de la Nièvre. Elle devait désenclaver le massif en facilitant l'accès au réseau P.L.M. L'utilisation d'une voie étroite (1 m d'écartement) permettait de réduire très sensiblement l'importance des terrassements et des ouvrages d'art et par conséquent le coût des travaux dans une région au relief accidenté. Le but principal était d'assurer l'acheminement des marchandises vers le Morvan, mais surtout de faciliter le transport du bois (le bois sec étant vendu plus cher que le bois flotté), du granit ou des différents produits du Morvan vers le réseau ferré ou fluvial. En complément elle devait transporter des voyageurs en leur permettant d'éviter les routes à la voirie parfois incertaine.

Les années de gloire

Les travaux furent entrepris dès la fin du siècle sur un tracé reliant la gare P.L.M. de Corbigny dans la Nièvre à celle de Saulieu en Côte d'Or. D'une longueur totale de 80 km la ligne passait par Lormes, Ouroux et Alligny-en-Morvan. Une extension au-delà de Corbigny vers Chitry-les-Mines permettait d'atteindre le canal du Nivernais. La ligne était concédée par le département à La Compagnie des Chemins de Fer de la Nièvre qui exploitait et entretenait le matériel et les 25 gares ou haltes. Le 4 août 1901, le premier tronçon Corbigny - Lormes - Ouroux était mis en service. Deux ans plus tard, le 1er juillet 1903, la totalité de la ligne fonctionnait de Chitry-les-Mines à Saulieu.

Tractés par des locomotives à vapeur, les trains comprenaient des wagons pour les marchandises et des voitures de première et deuxième classe pour les voyageurs. Quatre trains par jour circulaient dans chaque sens entre Corbigny et Saulieu de 5 h à 19 h. Ils mettaient environ quatre heures pour parcourir la ligne soit à une vitesse moyenne de 20 km/h ! C'est pourquoi il était fréquent que, dans les côtes, les voyageurs descendent et accompagnent (ou précèdent !) le train sur quelques centaines de mètres. En 1935 un essai d'automotrice (ressemblant à un autocar sur rail) fut réalisé, mais le tacot vivait déjà ses dernières années.

La fin du tacot

L'amélioration de l'état des routes, le développement des transports par automobile (et autocar) pour les passagers et par camion pour les marchandises, le coût d'entretien des voies et du matériel, sans parler des accidents ont conduit à la fermeture de la ligne après moins de quarante ans de bons et loyaux services. Le dernier train quittait en effet la gare de Corbigny le 15 mars 1939.

Le tacot a marqué durablement la mémoire et les paysages du Morvan. La plupart des gares (comme celle de Lormes) ont subsisté. Elles ont été vendues, transformées, aménagées mais ont conservé leur allure inimitable (et parfois le panneau avec le nom). Soixante ans après le passage du dernier train, la toponymie en conserve quelques traces avec des "Rue de l'Ancienne Gare" ou des "Café de la Gare". Et n'allez surtout pas attendre le train à la "Gare de Brassy-Gâcogne" indiquée cependant par plusieurs panneaux routiers récents ! Le tracé de la ligne est encore visible en de nombreux endroits sous forme de chemins ou d'alignements d'arbres (comme à Lormes où elle contournait l'étang du Goulot). Lors de la réfection de la route de Lormes aux Settons, il y a une trentaine d'années, le nouvel itinéraire a repris tout naturellement le tracé moins sinueux du tacot.

Un autre "tacot" a circulé entre Autun et Château-Chinon de 1900 à 1936. La ligne à voie étroite desservait les villages de La Celle en Morvan, Asnot, Arleuf et Fâchin. Aujourd'hui, plus aucune ligne de chemin de fer ne pénètre dans le Morvan. Le TGV sud-est le contourne par le nord. La S.N.C.F.Société
Nationale des
Chemins de fer
Français
, qui a repris le réseau P.L.M. en 1937, dessert encore à la périphérie les gares d'Avallon, Clamecy ou Autun. La ligne Clamecy - Corbigny concédée aux Chemins de Fer Economiques est sous perfusion et en sursis permanent. La gare de Château-Chinon est fermée. Le progrès a encore une fois oublié le Morvan !

Pour l'anecdote de 1901 à 1913 des études et de nombreuses réunions ont été effectuées afin d'établir une ligne de tramway électrique (!) entre Lormes et Avallon passant par Chastellux sur Cure. Pour des raisons inconnues elle n'a jamais été réalisée.


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