La forêt morvandelle

  

Plutôt que de forêt, les Morvandiaux vous parleront de "bois". En effet, les grandes étendues boisées sont souvent entrecoupées de routes, chemins, clairières, cultures ou prairies. Vous ne pouvez pas vous y perdre. La forêt morvandelle a la chance, encore aujourd'hui, de ne pas être envahie par les touristes. Cela signifie peu de voitures mais aussi peu de détritus et de dégradations.

Dès la préhistoire la forêt du Morvan a été exploitée pour le chauffage et la cuisson des aliments mais aussi par de nombreuses activités. Le défrichement ralentit au Moyen-âge et la forêt se reconstitue partiellement avant d'être à nouveau exploitée. A partir du 16ème siècle elle est en effet utilisée pour fournir du bois de chauffage à Paris transporté par flottage. Vauban alerta sur le fait que cette pratique entraînait des prélèvements supérieurs à la production. A la fin du 19ème siècle la forêt n'occupait que la moitié de sa surface actuelle.

La forêt morvandelle (la vraie, celle des feuillus, chênes, hêtres, frênes...) est fréquemment coupée. C'est pourquoi elle est constituée d'arbres jeunes, relativement petits contrairement aux grandes forêts comme Fontainebleau, par exemple. Les feuillus sont malheureusement de plus en plus souvent remplacés par des résineux (généralement de variété douglas) à la pousse plus rapide et donc plus rentables. Les routes sont étroites, aussi il n'est pas rare que les arbres se rejoignent et forment une voûte de verdure. Au printemps le sol se couvre de fleurs multicolores. On y trouve la primevère sauvage (le "coucou"), mais aussi l'orchis mascula d'une vive couleur violette ou la jacinthe bleue au parfum délicat. En été, d'autres fleurs éclosent comme le bouton d'or ou la majestueuse digitale dont la fleur pourpre est un poison mais aussi un médicament contre les maladies cardiaques. Vers le mois d'août, les ronces se couvrent de mûres au goût varié selon le pied où elles ont poussé. Les Lormois les ramassent à pleins seaux pour faire des confitures. A l'automne, alors que les arbres prennent une belle couleur dorée, l'odeur des champignons se révèle et il est possible de cueillir les cèpes ou les girolles.

Même à quelques centaines de mètres de Lormes, c'est le calme que vous rencontrez. Les feuilles mortes craquent sous les pas. Vous écoutez au loin le bruissement d'une rivière. Vous y entendez le chant porte-bonheur du coucou, un geai s'envole devant vous abandonnant une petite plume bleue. Et si vous avez beaucoup de chance, peut-être apercevrez-vous entre les arbres le saut d'un chevreuil qui s'enfuit ou un groupe de sangliers qui traverse votre route. A vos pieds, une multitude d'insectes se faufile : scarabées dorés ou noirs, coccinelles (la sympathique "bête à Bon Dieu" ou "barboulotte" que l'on fait monter sur son doigt en lui disant "barboulotte, barboulotte, envoule touai !"), papillons (blancs, jaunes ou orange et noir), libellules bleues au bord des étangs, sauterelles vertes, voire des mantes religieuses. Une inoffensive couleuvre, un lézard, un hérisson ou un blaireau égaré traverseront, peut-être, votre chemin. C'est la nature encore préservée qui vous permet quelques heures de vraie détente loin de l'agitation et du bruit de la ville.


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